Jaquet Droz insuffle
la vie aux cadrans de montre
Fondée en 1738, Montres Jaquet Droz fait partie des prestigieuses maisons suisses jouissant d’un riche patrimoine. Son approche horlogère a cependant toujours été loin d’être traditionnelle. Pierre Jaquet-Droz, son fondateur, s’était en effet spécialisé dans l’art rare des automates. Pour lui, il ne suffisait pas d’indiquer l’heure : il aspirait à créer des objets mécanisés conçus pour bouger ou faire de la musique afin que la lecture du temps soit attrayante et spectaculaire. Ces créations se devaient également d’être éblouissantes. Il s’agissait à l’époque d’une approche à la fois disruptive et visionnaire et encore aujourd’hui, la maison occupe une niche unique au sein de l’univers de l’horlogerie de luxe.
Pierre Jaquet-Droz est né en 1721 dans une petite ferme à La Chaux-de-Fonds et plusieurs de ses proches travaillent – sans surprise – dans l’industrie horlogère. Sous leur aile, il manifeste dès son plus jeune âge un véritable intérêt pour l’horlogerie et la mécanique de précision. On lui remarque alors « une habileté manuelle, un esprit méticuleux et une remarquable maîtrise des principes mécaniques ».
Le jeune Jaquet-Droz produit des calibres de plus en plus sophistiqués et finit par ouvrir un atelier à Neuchâtel où il se consacre à sa spécialité : les boîtes à musique et les automates. Sa renommée atteint son apogée lorsqu’il présente en 1774 une trilogie unique d’automates androïdes à taille humaine, suscitant l’émerveillement des connaisseurs du monde entier – comme on dirait aujourd’hui, ces créations deviennent virales. Cette trilogie se compose de l’Écrivain, qui trempe sa plume dans un pot d’encre et se met à écrire des missives sur une feuille de papier ; du Dessinateur qui trace des lignes architecturales avec une précision mathématique ; et de la Musicienne qui joue de la musique grâce à un mécanisme composé d’un système de remontage à fusée et à chaîne, d’un cylindre avec des picots contenant une partition de musique et d’un système de soufflets. Ces automates sont si réalistes que certains accusent Jaquet-Droz de sorcellerie !
Ces androïdes attirent l’attention de la royauté européenne et des membres de l’aristocratie. Les affaires de l’entreprise deviennent alors florissantes. Pierre Jaquet-Droz, son fils Henri-Louis et leur partenaire, un talentueux horloger dénommé Jean-Frédéric Leschot, présentent leurs créations aux cours royales d’Europe, à commencer par Ferdinand VI d’Espagne, puis le roi de France Louis XVI et sa reine, Marie-Antoinette. Rapidement, les pièces Jaquet-Droz sont convoitées dans toute l’Europe et jusqu’en Russie et en Chine. En 1783, Jaquet-Droz ouvre un atelier à Londres puis, un an plus tard, un avant-poste à Genève.
Au fil du temps, ces créations fantaisistes deviennent de plus en plus sophistiquées sur le plan technique et décoratif, et les méthodes développées dans les ateliers Jaquet Droz sont finalement transférées aux collections de montres-bracelets de la maison. Jaquet Droz se fait alors l’un des principaux ambassadeurs des métiers d’art de l’horlogerie – émail Grand Feu, gravure, peinture miniature et marqueterie sont autant de savoir-faire et de techniques de finition qui distinguent les bons horlogers des horlogers d’exception. De nombreuses montres modernes de la maison perpétuent cet héritage de fabrication d’automates et intègrent des jacquemarts, des animations mécaniques en trois dimensions. Très peu d’horlogers maîtrisent de nos jours cette spécialité. Parmi ces créations, il convient notamment de citer :
la Rolling Stones Automaton qui reproduit la scène des Stones avec la guitare Fender Strat de Ronnie Wood, la batterie de Charlie Watts et la célèbre guitare à cinq cordes de Keith Richard, sans oublier l’harmonica de Mick Jagger.
La Dragon Automaton, ornée d’un dragon en or 18 ct gravé à la main et programmé avec neuf animations : la crête de l’animal bouge, sa gueule s’ouvre, sa langue sort, son œil s’ouvre et se referme, son échine et sa queue ondulent, sa patte monte et descend vers une pierre, elle-même en rotation constante.
La Bird Repeater, équipée d’automates oiseaux en or gris gravés et peints à la main et entraînée par un calibre répétition minutes. Les ailes de l’oiseau mâle se déploient à la demande tandis que la femelle nourrit ses oisillons affamés.
La Charming Bird pousse le concept encore plus loin avec l’animation d’un oiseau qui chante ; il s’agit d’une version ultramoderne d’un des chefs-d’œuvre majeurs de Pierre Jaquet-Droz, avec un système contemporain composé de soufflets, de cylindres et de picots.
La Loving Butterfly Automaton arbore une gravure en or, un angelot sur son char tiré par un papillon. À son activation, les ailes du papillon se mettent à battre et les roues du char tournent.
La Machine à Siffler est une interprétation moderne du mécanisme de l’automate. Ce dernier peut être admiré à travers le boîtier en glace saphir, un hommage à la dextérité technique de Jaquet Droz.